Des indicateurs de fragilité financière en hausse
La Banque de France a présenté ce mercredi 18 juin le travail du comité d’Inclusion Financière de Vaucluse, qui montre des chiffres de précarité en augmentation. Une précarité financière qui touche beaucoup de femmes.

« La situation ne semble pas catastrophique en Vaucluse, mais elle est très compliquée », résume Christine Gorde, directrice départementale Vaucluse de la Banque de France, à l’issue de la réunion du comité d’Inclusion Financière, qui réunit des acteurs institutionnels, bancaires et associatifs du territoire.
Car plusieurs indicateurs de précarité sont en hausse. Comme la hausse récente des dépôts de dossiers de surendettement avec +11,6% au mois de mai 2025, contre 10% au national. « Nous avons insisté à plusieurs voix sur le contexte économique et géopolitique, comme les décisions prises aux États-Unis. Cela fait qu’il y a un attentisme, et donc une activité un peu en berne, même si ce n’est pas une période de récession », tempère cependant Christine Gorde. Dans le dossier distribué en sortie de réunion, la Banque de France analyse cette situation par un « épisode inflationniste » qui « a accentué les contraintes budgétaires des plus fragiles financièrement ». En expliquant qu’il y a une « stabilité de la production du crédit à la consommation, mais une hausse du crédit renouvelable, ce qui peut être le signe d’une contrainte budgétaire des ménages plus forte ». Tout cela en observant localement des « inégalités de plus en plus fortes » et « pas de recul de la pauvreté ».
L’autre point fort de la réunion de ce mercredi était le thème des violences financières conjugales, afin de les « comprendre, prévenir et analyser », précise la Banque de France. Celles-ci se définissent par « un contrôle, un appauvrissement ou un manque à gagner qui peuvent aller jusqu’à la dépossession totale des moyens d’autonomie financière d’un des conjoints », est-il précisé.
« Il existe des violences physiques, mais aussi financières. L’idée est que tous les acteurs puissent expliquer ce qu’il est possible de faire et connaître les mesures d’urgence », détaille la directrice départementale.
Et cela concerne surtout un public féminin. Selon une étude Ifop, citée par l’institution bancaire, réalisée auprès de 1 000 femmes françaises de plus de 18 ans, près d’une femme sur quatre ne dispose pas d’un compte bancaire personnel, et 32% n’ont pas de source de revenus autre que celle de leur conjoint. Ainsi, 40% des femmes interrogées déclarent qu’elles ne pourraient pas payer de loyer si elles devaient quitter le domicile conjugal, et 44% ne pourraient pas quitter le foyer sans aide financière extérieure. « C’est un sujet de préoccupation sociale majeur, singulièrement en Vaucluse », affirme Sébastien Maggi, sous-préfet de Vaucluse. « Il faut associer les difficultés économiques locales qui sont sous-jacentes à cette situation. L’inclusion économique est très importante, car économie dit autonomie. Donc l’emploi est parfois le seul moyen. Il faut pousser les femmes vers le monde du travail pour leur permettre de s’émanciper », pousse-t-il, tout en concédant que le repérage de ces situations-là n’est pas évident. Philippe Blanc, président du Comité des Banques du Vaucluse, assure de son côté que le personnel d’accueil dans les banques est « formé pour repérer les femmes vulnérables », vantant « l’intérêt de conserver des relations humaines pour déceler des changements de situation ». Ce qui n’est pas le sens que prennent la majorité des services de nos jours.