Les vins de la Sainte-Victoire franchissent la marche du cru
C’est historique. Les vins de l’appellation côtes de Provence Sainte-Victoire, élaborés sur 9 communes abritées au nord par la montagne de calcaire, dont 7 dans les Bouches-du-Rhône et 2 dans le Var, vont être classés en cru.

« C’est clairement une victoire », réagit Olivier Sumeire, président, depuis 16 ans, de l’Association des vignerons de la Sainte-Victoire.
Le 6 février, le comité national des appellations d’origine a voté à l’unanimité pour la reconnaissance en cru de l’appellation côtes de Provence Sainte-Victoire (rouge et rosé). Une sorte d’enquête publique, dénommée « procédure nationale d’opposition » va bientôt être enclenchée « mais l’issue semble aujourd’hui plus relever de la formalité que de l’aléa », évalue celui qui siège aussi au conseil d’administration de la maison-mère, le syndicat des côtes de Provence. « L’accession en cru est pour nous extrêmement important. Elle représente à la fois la reconnaissance du monde professionnel et, pour le public, le message est extrêmement clair. Lorsqu’on parle de cru, il sait qu’il s’agit d’un vin au sommet de la hiérarchie », appuie-t-il.
« On attend ça depuis 33 ans... On est sur du temps long », commente-t-il. « Ceux qui ont été à l’origine de l’aventure ont créé, en 1992, l’Association des vignerons de la Sainte-Victoire. Un collectif qui a pris conscience de la qualité du terroir et des paysages, de la singularité des vins.»
Dans ce vignoble en coteaux situé au pied de la muraille de la Sainte-Victoire, sur des sols calcaires et de grès argileux, ils ont décroché, en 2005, « une dénomination géographique complémentaire (DGC). » Un nom bien austère pour des vins, déjà, hors du commun. « Cela a été la première étape », pose Olivier Sumeire.
Le vignoble Sainte-Victoire s’étend sur 2 700 hectares
des 3 500 de l’appellation. L’Association des vignerons de la Sainte-Victoire compte, elle, une quarantaine de structures adhérentes, à la fois caves particulières et 4 caves coopératives (Trets, Puyloubier, Rousset, Pourcieux). Lors de la dernière récolte, 600 hectares sur les 2 700 classés en Sainte-Victoire ont été utilisés pour produire ce vin. « On a un potentiel de développement indiscutable », remarque le président de l’Association. Non pas en termes de prix - « l’idée ce n’est pas forcément d’augmenter la taille de la marche, car les vins en DGC Sainte-Victoire sont en général valorisés 15 à 20% plus cher que les côtes de Provence », déclare Olivier Sumeire-, mais « augmenter les volumes». En 2024, la production de vins côtes de Provence Sainte-Victoire a été de 3,5 millions de bouteilles.