Le Parc national des calanques directement menacé par la commission
Le rapport des sénateurs consacre une annexe à la réorganisation du secteur de la transition écologique. Comme les dix autres parcs nationaux, celui des calanques y disparaît. Une hérésie pour son président.

Alertés par les déclarations d’Amélie de Montchalin sur la suppression d’une partie des agences de l’État, les parcs nationaux n’ont pas attendu le rapport de la commission sénatoriale pour se mobiliser. Dès le 22 mai, dans une lettre commune à la ministre, avec copie à Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, les présidents des 11 parcs nationaux de France alertent « sur l’enjeu de maintenir [leurs] structures actuelles compte tenu de l’importance et la singularité de [leurs] misions ». Ils y rappellent notamment que depuis 60 ans, ils font « la démonstration qu’il est possible de concilier protection de la nature et activités humaines » et leur capacité de souplesse et de proximité avec la loi Giran de 2006 qui a « renforcé la représentation des collectivités dans les conseils d’administration ».
Après son conseil d’administration le jeudi 26 juin le Parc national des calanques a pris une motion en ce sens. Une des annexes du rapport sénatorial vient confirmer leurs craintes. Les onze parcs nationaux perdraient leur autonomie juridique pour être intégrés dans l’OFB (Office français de la biodiversité) au motif que « dans les faits, une grande partie des fonctions support sont déjà mutualisées » avec ce dernier. « Les missions réalisées par ces parcs ne sont pas remises en cause », assure la commission.
« On reviendrait dans une espèce de logique complètement étatique », s’inquiète Didier Réault, président du Parc national des calanques. Pour lui, l’avantage des parcs loi 2006 c’est d’allier « la puissance de l’État et l’agilité des collectivités, présentes au conseil d’administration et qui peuvent manifester un soutien, leur financement, le déclenchement de projet... »
Et de citer un cas concret : la mise en place de la réservation à Sugiton. « Même si ce sont les crédits de l’État, si les collectivités locales et notamment la Ville de Marseille n’avaient pas été présentes au CA, cela aurait été beaucoup plus compliqué voire impossible » considère-t-il. Tout ça pour des économies de bout de chandelle. « En fusionnant on va gagner quoi un, deux postes par parc ? Je ne suis même pas sûr que cela se compte en millions d’euros... », s’agace-t-il, « ce n’est pas à la hauteur des enjeux des économies qu’il faut réaliser dans le pays ». S’il n’est pas « opposé à des adaptations, à travailler mieux », il s’inquiète d’un possible désengagement des collectivités.
Que confirme notamment Hervé Menchon (EELV), adjoint au maire de Marseille en charge du littoral qui siège au parc. « Si un tel regroupement se faisait, cela requestionnerait le financement de la Ville sur des projets pour lesquels on est impliqué », prévient-il. Et d’enfoncer le clou : « Un travail d’action sur le terrain, c’est ce qui nous plaît et fait que nous sommes proactifs. » Se pose aussi la question de l’acceptabilité sociale si « tout est décidé d’en haut » alors que le parc s’est construit sur la recherche permanente du consensus avec tous les acteurs du territoire.
À l’heure où la lutte contre le réchauffement climatique est affichée comme une priorité, « je ne comprends pas, ce "en même temps" qui va coûter cher aux générations futures » s’indigne l’élu.
Interrogée sur le sujet, la rapporteure Christine Lavarde (LR) balaie d’un revers de main : « Certains vont crier qu’on veut tuer les parcs nationaux mais regardez ce qui se passe pour les parcs naturels marins. Ils n’ont jamais eu de structure administrative mais un comité de gestion. C’est la même chose qui doit être faite à notre sens et cela ne contrevient absolument pas aux missions confiées aux parcs. »