Au moins 14 000 bébés gazaouis menacés de mourir de faim

Les Palestiniens
de la bande de Gaza attendaient, désespérément, mercredi une distribution de denrées alimentaires alors que
la famine s’installe sous les bombes. Selon le chef des opérations humanitaires de l’ONU des milliers de nourrissons pourraient mourir dans les prochains jours faute de soins et de nourriture.

22/05/2025 | 07h11

L’horreur continue pour les Gazaouis où l’aide humanitaire entre au compte-goutte. L’armée israélienne intensifie dans le même temps son offensive dans la bande de Gaza avec le but affiché d’anéantir le mouvement islamiste palestinien Hamas. Sur la BBC, Tom Fletcher, le chef des opérations humanitaires des Nations unies a déclaré que « 14 000 bébés pourraient mourir dans l’enclave palestinienne dans les prochaines quarante-huit heures en l’absence d’aide humanitaire. Je veux sauver le plus grand nombre possible de ces 14 000 bébés », a-t-il poursuivi.

En mars, l’ONU affirmait que les femmes et les enfants représentaient « près de 70% » des victimes dans la bande de Gaza, rapporte RFI. « La situation est insupportable. Aucune aide n’est entrée et personne ne nous distribue quoi que ce soit », a déclaré par téléphone à l’AFP Oum Talal al-Masri, 53 ans, depuis un quartier de la ville de Gaza. « Nous arrivons à peine à préparer un repas par jour. L’aide n’est pas un luxe - nous avons un besoin urgent et désespéré de tout : nourriture, médicaments, eau potable et produits d’hygiène », a-t-elle ajouté. Après plus de deux mois et demi d’un blocus total imposé à la bande de Gaza, Israël a annoncé avoir laissé passer une centaine de camions de l’ONU lundi et mardi.

L’autorisation lundi par Israël d’une aide limitée à destination de Gaza a été qualifiée par l’ONU de « goutte d’eau dans l’océan », et 22 pays ont alors exigé d’Israël une « reprise complète de l’aide, immédiatement ».

Mais le Bureau des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha) se plaint de complications imposées par Israël qui entravent l’acheminement de l’aide jusqu’à ses destinataires finaux une fois qu’elle est entrée par Gaza.

« Que des mots »

« Pour l’instant, l’aide ce ne sont que des mots », déplore Mme Masri, alors que s’intensifie l’offensive militaire élargie lancée samedi par Israël.

« Nos équipes ont transporté 19 morts, pour la plupart des enfants, et des dizaines de blessés après des raids aériens effectués par les avions de guerre israéliens dans diverses zones de la bande de Gaza la nuit dernière et tôt aujourd’hui », a déclaré dans la matinée Mahmoud Bassal, porte-parole de la défense civile, une organisation de premiers secours. Des images de l’AFPTV montrent une poursuite des frappes israéliennes, notamment sur le sud de la bande de Gaza depuis le point du jour. L’ONG Médecins sans frontières a accusé Israël de ne laisser entrer à Gaza qu’une aide « ridiculement insuffisante » face aux besoins du territoire, seulement pour ne pas être accusé « de famine imposée à la population ».

« Ce plan est une manière d’instrumentaliser l’aide, en la transformant en outil au service des objectifs militaires des forces israéliennes », a déclaré Pascale Coissard, coordinatrice des urgences MSF à Khan Younis, à Gaza, dans un communiqué. Le pape Léon XIV a lancé mercredi un « appel pressant » à laisser entrer « une aide humanitaire décente » à Gaza et à « mettre fin aux hostilités », « dont le prix atroce est payé par les enfants, les personnes âgées et les malades ».

Face à la situation humanitaire catastrophique et l’intensification des opérations militaires israéliennes à Gaza, de nombreux pays européens ont accentué la pression. L’Union européenne va réexaminer son accord d’association avec Israël, en vigueur depuis 2000, a annoncé mardi sa cheffe de la diplomatie, Kaja Kallas. Le Royaume-Uni a lui dit suspendre les négociations avec Israël sur un accord de libre-échange.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a salué mercredi les voix qui se sont levées à l’étranger pour rejeter « les politiques de blocus, de famine, de déplacement et de saisie de terres » et « l’utilisation de l’aide par Israël comme une arme et un outil politique pour atteindre ses objectifs illégitimes ».

« Les pressions extérieures ne détourneront pas Israël de sa voie pour défendre son existence et sa sécurité », avaient affirmé mardi les Affaires étrangères israéliennes, estimant que le réexamen de l’accord d’association UE-Israël reflétait « une incompréhension totale de la réalité complexe à laquelle Israël » fait face et encourageait « le Hamas à rester sur ses positions ».

Selon la diplomatie française, 17 États membres, dont la France, se sont prononcés en faveur d’un réexamen du texte La Commission européenne va entamer ce processus de révision, pour vérifier si Israël respecte bien les droits humains et les principes démocratiques.

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