Fort soutien attendu pour la verrerie à Vergèze
Avec la venue de Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, les syndicats de la verrerie du Languedoc menacée de fermeture, espèrent rassembler plusieurs milliers de personnes devant le site jeudi 3 juillet (10h).

« On vise quatre fois plus de monde qu’au 1er mai », lance confiant Yohan Goupille, secrétaire CGT de la verrerie. Pourtant, le 1er mai dernier, lorsqu’un millier de personnes s’est rassemblé devant le site de la verrerie à Vergèze dans le Gard, les syndicats étaient les premiers surpris par cet important signe de soutien. Deux mois plus tard, l’objectif est à nouveau de frapper un grand coup en braquant le temps d’une matinée, les projecteurs sur la verrerie où 164 emplois sont menacés si aucun repreneur n’est trouvé d’ici le 31 octobre.
« D’après les estimations, on sera facilement 3 000. Il y a des collègues verriers qui viennent de partout et des collègues syndiqués viennent du département, de la région et même de l’échelon national. Nous avons le soutien des élus locaux et de la population, maintenant nous voulons faire bouger les choses au niveau national et faire prendre conscience à nos concitoyens que ça n’arrive pas qu’aux autres », explique Yohan Goupille.
Pour cela, le délégué syndical peut donc compter sur la venue de Sophie Binet qui jongle ces derniers jours entre les nombreuses annonces de suppression d’emplois industriels et l’échec des négociations sur les retraites : « J’espère qu’on va parler de nous au national et que Sophie Binet va ramener avec elles les télés nationales et que le plus grand nombre va nous soutenir. »
Ce rassemblement organisé le 3 juillet permettra aussi de canaliser la colère qui continue de monter du côté des salariés. Car si les négociations se poursuivent avec la direction d’Owens Illinois, le groupe américain actuel propriétaire du site, les syndicats sont toujours à la recherche d’un repreneur. Mais pour cela, ils attendent la fumée blanche du côté de Perrier. Ils espèrent ainsi que Nestlé Waters ait fait le nécessaire pour que le préfet leur accorde à nouveau le label « eau minérale naturelle » qui garantirait la pérennité de la marque Perrier. Puis, que la direction de la multinationale suisse annonce une augmentation de ses commandes à la verrerie pour ainsi garantir la viabilité du site de Vergèze et attirer un repreneur.
« Nous étions à moins de 60 000 tonnes commandées par Perrier. On espère qu’ils vont revenir à 85 000 ou 90 000 tonnes, comme c’était le cas avant. Ça permettrait de nous sauver », précise Yohan Goupille. « On attend les annonces mais on sait que ça peut intervenir au dernier moment. Comme ça, ils écœurent certains salariés et les poussent à partir. On constate déjà qu’il y a beaucoup d’arrêts maladie ces dernières semaines. »
L’heure est donc à la patience du côté des syndicats qui espèrent tout de même des annonces pendant l’été. « On aura peut-être un repreneur au mois de septembre ou octobre donc il faut être patient », tempère Yohan Goupille. « Pour l’instant, avec l’intersyndicale on arrive à tenir tout le monde. Mais après septembre-octobre, ça pourrait être bien différent. Parce que si ça ferme vraiment, au moment d’aller gratter des primes où on nous accorde toujours le minimum, ce ne sera pas en disant "oui, oui" qu’on obtiendra plus. » En attendant qu’interviennent d’éventuelles annonces, les syndicats tentent de garder l’attention sur leur situation avec des événements tous les quinze jours.
Avant le prochain rassemblement, les syndicats avaient envoyé une dizaine de courriers aux ministres concernés mais aussi au président de la République pour les inviter « aux "obsèques" de l’emploi local et hommage à une usine sacrifiée pour le profit ». Dans cette lettre signée par l’intersyndicale (CGT, FO, CGC), les représentants syndicaux de la verrerie du Languedoc espèrent « des actes, des propositions concrètes, audacieuses, voire miraculeuses et des solutions industrielles. Bref, autre chose qu’un discours convenu ou une photo de doléances ».
« On n’a pas eu de réponse mais on ne s’attend pas à en avoir une. On tente tout ce qu’on peut tenter à notre niveau », reconnaît un Yohan Goupille qui reste offensif à l’approche du rassemblement du 3 juillet.