Les salariés du Carrefour Grand Littoral face à un nouveau gérant
Un CSE exceptionnel s’est tenu ce lundi
au carrefour Grand Littoral, à Marseille, pour annoncer
le changement du locataire-gérant. La CGT et la CFDT craignent
que les acquis sociaux reculent encore.

On a peur de perdre encore nos acquis sociaux, et d’avoir nos conditions de travail qui se dégradent. » Devant les 16 000 mètres carrés du Carrefour Grand Littoral, Samia Bélaid, déléguée syndicale de la CGT énonce les craintes des salariés face au nouveau changement de gérant présenté ce lundi lors d’un Comité social et économique (CSE) exceptionnel.
Passé en location-gérance en 2022, l’hypermarché est depuis exploité par l’entreprise marocaine Label’vie. « L’exploitant avait pour projet de fermer l’étage supérieur, explique la déléguée syndicale de la CGT. Mais Carrefour a refusé. Ils ont donc annoncé qu’en septembre ils allaient céder la gérance de notre hypermarché à une autre entreprise. »
Les syndicalistes craignent la perte de nouveaux droits. En 2022 déjà, le nombre de salariés a été réduit, passant de 397, sans apprentis à 358 avec des contrats de professionnalisation. « On a aussi perdu de nombreux acquis, comme la 6e semaine de congés, les congés enfants malades ou la prime d’intéressement... », explique l’une des représentantes syndicales de la CFDT. Suite à cette annonce, les syndicats ont exigé deux expertises sur les conditions de travail du projet et sur l’aspect financier de cette reprise. Les syndicalistes exigent également une rencontre avec le nouveau repreneur pour s’assurer du maintien de leurs droits.
« On a déjà perdu assez d’acquis et de salariés avec le premier gérant », se souvient la cégétiste. On se doute que si Carrefour fait cela, ce n’est pas pour revenir en arrière. » Avec le changement de gérant, leurs droits sont assurés pendant 15 mois, mais un accord de substitution doit être trouvé, à terme, et les salariés redoutent des renégociations à la baisse. « La stratégie de Carrefour, c’est d’arriver à la base des accords de branche », insiste Samia Belaid.
Un danger pour la CGT, qui rappelle que leur magasin est « un repère dans une zone urbaine marquée par des difficultés sociales et économiques ». Ils craignent une réduction des effectifs, réduisant les opportunités d’emploi dans le secteur et alourdissant la charge de travail des salariés. Un cas qui n’est pas isolé en France. Depuis l’arrivée d’Alexandre Bompard à la tête de l’entreprise, plus de 300 supermarchés et hypermarchés de l’enseigne sont devenus des franchises. En 2024, le carrefour du Merlan devient le troisième hypermarché marseillais à passer en location-gérance, après Bonneveine et Grand littoral en 2022. Un désengagement de la marque vivement critiqué par les syndicats qui dénoncent une insécurité pour les employés au profit des actionnaires et du PDG.
Pour la direction de Carrefour, ce changement est un moyen d’« accélérer la relance de ce magasin en confiant l’exploitation à un nouveau partenaire local ».