La création d’une micro crèche privée sur la commune de Robion interroge

L’opposition alerte sur l’installation de « Charlotte et Chocolat » malgré la baisse démographique
sur le territoire, tandis que le maire tempère.

16/06/2025 | 08h02

Depuis quelques mois, sur son compte Facebook, des images et des dessins de bébés fleurissent sur la page de « Charlotte et Chocolat », micro-crèche privée à Robion, accompagnés d’un lien d’inscription. Mais d’après les membres de la liste d’opposition Naturellement Robion Naturellement citoyen, cette installation nouvelle menace l’écosystème local de la garde de jeunes enfants.

Car si la crèche publique du territoire affiche aujourd’hui complet, les assistants maternels (ou assmat) de la commune ont encore 16 places disponibles pour la rentrée prochaine. Et ce, tandis que le nouvel établissement privé peut accueillir dix enfants. « Quand on a appris l’existence de ce projet, on n’a pas compris. Car la natalité a chuté de 36 % en deux ans », témoigne Vincent Chassard, assmat sur la commune, qui confie que certains de ses collègues pensent à changer de filière professionnelle en raison de cette ouverture.

La crainte s’étend plus largement sur la privatisation des services publics. « C’est clairement ce que souhaite le maire à terme », assure Christine Nallet (DVG), conseillère municipale et intercommunale d’opposition.

Opposition public privé

« On a peur à terme pour la crèche publique. De plus, cela coûte plus cher aux parents, mais c’est aussi remboursé comme le public. Cela va coûter plus cher à l’État. Monsieur le maire est clairement en train d’organiser la privatisation des services. C’est son credo », poursuit-elle. L’arrivée tardive de l’étude de besoins et du vote de l’agglomération Luberon Monts de Vaucluse est également un élément qui interroge l’élue. En effet, la délibération donnant un avis préalable à l’ouverture de l’établissement a été votée par l’intercommunalité avec un seul vote contre, à savoir celui de Christine Nallet. Dans cette délibération, il est notamment écrit comme argument que la commune a connu une croissance démographique de 14,40% entre 2014 et 2020, alors que les enfants accueillis sont nés après cette période, et la courbe s’est depuis inversée. « Sans oublier la proximité avec une route très fréquentée », alerte Christine Nallet.

Contacté par La Marseillaise, le maire de la commune et premier vice-président de la communauté de communes, Patrick Sintes (SE), défend sa position. Il assure que la crèche intercommunale publique « ne répond pas à la demande », que les parents « préfèrent mettre leurs enfants à la crèche » et qu’il « n’est pas là pour gérer des histoires de concurrence ».

Il concède tout de même que les assistants maternels « sont en difficulté », ce qu’il attribue à l’augmentation du nombre d’enfants pouvant être gardés simultanément et à la baisse des natalités post-Covid. « Le métier doit sans doute se réinventer », poursuit-il, tout en assurant que « la crèche publique n’est pas en danger ».

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