La marche était trop haute pour le RC Toulon

« Il faut féliciter Bordeaux, il n’y a rien à dire. On a été dominés dans les rucks, on a été en dessous de ce qu’on espérait. » Au sortir du dernier match de la saison toulonnaise, et en dépit de la déception, on ne pouvait reprocher quelconque manque de lucidité à Pierre Mignoni. Car ses joueurs n’ont jamais réellement été en mesure d’inquiéter des Bordelo-Béglais plus frais physiquement et plus habitués à ce genre de matches, eux qui étaient déjà finalistes du Top 14 l’an dernier et qui ont glané le premier titre de leur histoire cette saison en Champion’s cup.

Au cours du premier acte, la différence de niveau n’a pourtant jamais paru abyssale. Sauf que quand Toulon multipliait les fautes de main et en-avant, à l’image de ce ballon échappé par Gros à cinq mètres de l’en-but (37^e), les Girondins, eux, faisaient preuve d’un réalisme froid. En témoignent les essais de Depoortere (19^e) et Lamothe (28^e). « C’est à l’image de la saison, analysait Pierre Mignoni. On a été très peu efficaces et eu trop de pertes de balles. On aurait pu avoir la main sur le match si on avait été patients. On n’était pas à la rue en première, mais il fallait être tueur et on ne l’a pas été. Heureusement qu’on marque cet essai juste avant la pause. » Une réalisation de Fainga’anuku, pour son dernier match en rouge et noir (lire encadré), qui a permis au RCT de rentrer aux vestiaires à cinq points.

Mais après un début de second acte cataclysmique, en quinze minutes, la messe était dite. La faute à trois essais de Lamothe, pour le triplé, et Penaud, facilités par le carton jaune d’Halagahu pour un en-avant volontaire. « En début de deuxième, il y a une mêlée, on fait un en-avant et ils marquent. Ça fait beaucoup trop d’erreurs, regrettait Pierre Mignoni. Ce début de deuxième fait basculer le match. Si on marquait avant, on pouvait leur mettre le doute », appuyait Paulo Garbisi. « Il fallait plus sortir, prendre notre camp, tenir le ballon dans nos temps forts. On est rentré deux-trois fois dans leurs 22 et on a fait en-avant. Les Bordelais aiment ces ballons de turn-over. On s’est remis sous pression alors qu’on aurait pu les y laisser », déplorait Jérémy Sinzelle.

Pour autant, il faut reconnaître que même K-O, cette équipe est restée debout. En témoignent les deux essais de Tuicuvu et Gigashvili pour alléger un score qui ne méritait pas d’être aussi lourd. Des bases sur lesquelles construire en vue d’une saison prochaine qui arrivera vite. « On fait un quart de coupe d’Europe, une demi-finale de Top 14, ce qui ne nous était pas arrivé depuis longtemps. On a progressé, mais si on veut faire à nouveau peur, il en faut plus », posait l’entraîneur Toulonnais. « On est quand même content de notre saison. On espère qu’on pourra compter sur nous l’an prochain et se servir de l’amertume, de la rage. Il est temps qu’on monte en puissance. J’espère que l’année prochaine sera la bonne », conclut Teddy Baubigny. Le peuple toulonnais a déjà hâte d’y être.

Onze joueurs quittent le RCT, sept arrivent

Après le match, Pierre Mignoni a eu une pensée pour « les joueurs qui vont partir ». Ils sont d’ores et déjà onze : Facundo Isa (Pau), Jiuta Wainiqolo (LOU), Emercik Setiano (Bayonne), Selevasio Tolofua (Clermont), Jules Danglot (Colomiers), Enzo Hervé (Paris), Leicester Fainga’anuku (Crusaders, NZe) et Matteo Le Corvec à Perpignan, son club formateur, rejoint par Duncan Paia’aua. Ma’a Nonu et Dan Biggar vont prendre leur retraite.

Enfin, Jérémy Sinzelle et Mickaël Ivaldi, en fin de contrat, devraient prolonger.Côté arrivées, Zach Mercer (Gloucester, Eng), Clovis Le Bail (Racing Metro), Louis Carbonnel (Paris), Matéo Garcia (UBB), Ignacio Brex (Trévise, Ita), Mathis Ferté (Brive) et Patrick Tuifua (Hawke’s bay, NZe) sont les premières recrues du RCT.