Changement en vue dans les cantines
Les résultats de l’appel d’offres lancé par la Ville de Marseille pour la restauration scolaire devraient être connus sous peu. L’occasion pour la Ville de rappeler l’exigence d’un nouveau cahier des charges.

Bien avant une annonce officielle, Sodexo, le géant de la restauration collective devrait remporter une grande partie de l’appel d’offres, qui sera notifié dans les prochains jours apprend-on sur BFMTV, ce lundi. La décision aurait été annoncée par la direction du groupe aux salariés de la cuisine centrale de Pont-de-Vivaux (10e) croit savoir la chaîne locale. Ce qui n’a pas manqué de faire réagir la droite locale. Pierre Robin, conseiller municipal LR s’en est immédiatement pris au Printemps marseillais qui promettait de municipaliser les cantines. En retour, l’adjointe communiste Audrey Garino rappelle « que la droite ose donner des leçons alors que nous améliorons concrètement les assiettes de nos enfants ».
Le marché de la Sodexo arrive à terme cette année et la Ville de Marseille avait publié, en mars dernier, un appel d’offres en vue de lancer les procédures du prochain marché de restauration scolaire pour un montant estimé entre 77,4 et 212,7 millions d’euros pour trois ans.
Dès la rentrée prochaine, au moins la moitié des produits devront être issus de l’agriculture bio, 30% de circuits courts, et les cantines devront servir entre 4 et 6 repas végétariens par semaine, pose comme consigne la municipalité. Quant au monopole de la restauration, le choix a été fait de couper le gâteau en trois.
« Nous avons décroché le plus gros lot avec 45 000 repas », confirme Thierry Grunhut, délégué national CGT de la Sodexo. « D’après ce que j’ai compris, on pourrait récupérer un deuxième lot de 3 000 repas », continue-t-il. Si l’exigence porte sur plus de bio dans les assiettes, le syndicaliste rappelle que cela a forcément un coût. « Je ne sais pas qui va supporter la hausse des tarifs », prévient-il.
La FCPE, ardent défenseur de la gratuite affirme que la fédération de parents d’élèves fera confiance à la Ville. Arnaud Dupleix son représentant local confirme qu’il y a « dans les clauses beaucoup de prescriptions qui vont dans le bon sens ». Avec sa double casquette du Collectif des écoles marseillaises, le discours est plus sévère : « On savait dès le départ que de lancer un appel d’offres sur trois ans pour un si gros marché était hasardeux, forcément il allait y avoir un prestataire qui obtiendrait le marché et ça nous met en colère. Le deuxième lot tombe entre les mains d’une filiale de la Sodexo, il ne manquerait plus que le troisième lot soit un prestataire », accuse-t-il.
Un peu plus tard dans la journée de lundi, Pierre Huguet, l’adjoint (Génération.s) en charge de l’éducation et Michèle Rubirola (Les Ecologistes) en charge de la santé tenaient une conférence de presse sous forme de mise au point.
L’occasion de réagir aux annonces de BFM et de rappeler que l’important chantier de la restauration scolaire repose sur le changement de méthode avec le passage d’une DSP en marché public.
Si pour des raisons légales aucune révélation n‘a pu être faite sur le nom des futurs prestataires, Pierre Huguet a rappelé que les changements qui seront opérés à partir de la rentrée de septembre 2025 résultent « d’un nouveau cahier des charges plus exigeant ». La Ville qui a même engagé une diététicienne compte exiger deux fois plus de bio dans les assiettes et supprimer deux fois plus d’additifs. « Le cahier qui répond le mieux sera révélé sous peu », promettent les deux élus. Commission des menus, commission scientifique, il s’agit de rattraper 25 ans de retard en matière de restauration scolaire et d’atteindre d’ici trois ans, 60% de bio dans les assiettes des petits Marseillais. « Le nouveau contrat est une grande avancée », confirme Pierre Huguet voulant faire taire les cassandres qu’il estime mal placés pour donner des leçons. « Ils feraient mieux de nous soutenir », reprend-il, sans laisser de côté l’objectif de remunicipalisation des services. « La transition va prendre entre 10 et 12 ans », prévient l’élu en charge de l’éducation. Cependant un nouveau modèle de cuisine centrale est attendu en 2028. Il permettra de passer de la liaison froide à chaude. La Ville qui a fait passer son budget cantine de 5 à 15 millions en trois ans estime que l’arrivée massive du bio pourrait être une charge supplémentaire qu’elle est prête à assumer. « Ce qui intéresse les parents, c’est la santé de leurs enfants », insiste Michèle Rubirola.