Des médicaments personnalisés produits grâce à l’impression 3D

La start-up montpelliéraine MB Therapeutics propose une solution technologique innovante qui permet aux pharmacies hospitalières ou officinales de produire des médicaments répondant aux besoins spécifiques de chaque patient.

03/07/2025 | 08h54

C’est une petite révolution qui pourrait faire gagner un temps précieux aux pharmacies hospitalières et officinales produisant des médicaments. C’est à elles que s’adresse la technologie inventée par la start-up montpelliéraine MB Therapeutics : une imprimante 3D qui permet de fabriquer des médicaments au dosage personnalisé.

« Tous les jours, certains pharmaciens et les préparateurs en pharmacie produisent des médicaments de manière manuelle : ils prennent des poudres, les broient, les mélangent puis les mettent dans des gélules. Ou bien ils élaborent des suspensions liquides. C’est un procédé qui prend beaucoup de temps. L’idée, avec l’impression 3D, c’est d’automatiser cette production de médicaments en pharmacie en conservant la qualité de production pharmaceutique tout en gagnant en flexibilité, en gagnant du temps », explique Stéphane Roulon, président co-fondateur de la société créée fin 2023.

« L’imprimante 3D proposée par MB Therapeutics fonctionne comme une imprimante papier : elle a besoin d’encre. En tant qu’établissement pharmaceutique, nous produisons et développons de l’encre pharmaceutique -un genre de pâte épaisse qui contient le principe actif et les excipients- contenue dans des cartouches, qui sont envoyées à la pharmacie. Ensuite il n’y plus qu’à installer la cartouche sur l’imprimante 3D, sélectionner le fichier de son choix –comme pour un Thermomix, il y a des recettes– et lancer la production », détaille Stéphane Roulon. « On peut voir l’imprimante comme une machine de mise à la dose : elle va juste modeler la matière dans l’espace », illustre-t-il. Les comprimés fabriqués sont orodispersibles, c’est-à-dire qu’ils peuvent se dissoudre facilement grâce à la salive ou avec très peu d’eau. « Ce qui permet de s’adapter à la fois aux enfants et aux personnes qui ont du mal à avaler. »

Une commercialisation prévue fin 2026

Cette nouvelle technologie permet en outre de personnaliser le dosage des médicaments en fonction de chaque patient et de combiner, si besoin, plusieurs ingrédients actifs au sein d’un même médicament. Dans un contexte où les ruptures de stock sont de plus en plus fréquentes (on l’a vu récemment avec l’amoxicilline et plusieurs autres antibiotiques), l’impression 3D pharmaceutique peut également être une alliée. « Ces ruptures de stock sont liées à un manque de produits finis, pas de matière première. Les pharmacies peuvent donc pallier ce manque en réalisant elles-mêmes les productions : elles achètent le principe actif, font les mélanges et les mettent dans des gélules. Le problème c’est que ça les met très en tension, car ça prend beaucoup de temps et d’énergie. C’est là que l’impression 3D de médicaments est intéressante, car elle permet d’augmenter la capacité de production des pharmacies en les déchargeant de toutes les productions quotidiennes qu’elles réalisent hors contexte de rupture », explique le président de MB Therapeutics. Enfin, en ajustant les doses de manière précise et en produisant uniquement ce qui est nécessaire, cette technologie pionnière permet également d’éviter le gaspillage.

La start-up montpelliéraine, qui compte actuellement 11 salariés - « on vient de faire un bond au niveau de l’équipe » - a terminé, début 2025, une levée de fonds de 2 millions d’euros destinée à industrialiser et lancer sa solution sur le marché. « L’imprimante 3D est d’ores et déjà disponible. Les cartouches pharmaceutiques, elles, seront commercialisées fin 2026. Il y aura trois molécules. »

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