[Entretien] Jean-Luc Gibelin (PCF) : « Il ne faut pas opposer le TGV aux petites lignes »
Jean-Luc Gibelin est le vice-président PCF de la Région Occitanie.

en danger. PHOTO DR
La Marseillaise : 4 000 km de lignes de train en France sont en danger, dont 1 000 en Occitanie. Cette vétusté du réseau est due à un
sous-investissement de l’État ?
Jean-Luc Gibelin : C’est très clair. Quand vous comparez les investissements dans le train des États européens, vous voyez qu’on met 51 euros par habitant en France, contre 115 en Allemagne et 215 en Angleterre. Évidemment, on ne peut pas avoir le même réseau.
Comment on a pu arriver à cette une telle différence ?
J.-L.G. : C’est parce que nous sommes partis dans ce pays sur le principe que c’était une bonne chose équiper du TGV, mais ça s’est fait au détriment des petites lignes. L’un contre l’autre, ce qui n’est évidemment pas une solution en Occitanie, c’est symptomatique. Nous avons besoin évidemment de lignes nouvelles supplémentaires pour compléter ce qui existe. Donc nous avons besoin du Bordeaux-Toulouse, du Bordeaux-Dax ou encore du Montpellier-Perpignan, mais nous avons aussi besoin des lignes de desserte fine du territoire [LDFT, des lignes reliant les grands axes nationaux aux endroits les plus éloignés, Ndlr] parce que dans la région près de 60% de notre réseau est constitué de ces lignes. Donc ça ne peut pas être l’un contre l’autre. Il faut l’ensemble, une infrastructure qui permette de répondre à tous les différents modes de transport ferroviaire qui existent.
En l’état actuel des choses, si rien n’est fait, existe-t-il un risque de se retrouver avec un système ferroviaire à deux vitesses, impactant plus la ruralité ?
J.-L.G. : Ce n’est pas que la ruralité, quand on a 60% de notre réseau qui est considéré en LDFT, énormément de populations sont concernées. Ces lignes ne sont pas que les lignes de la ruralité. Elles en font partie, mais il existe des lignes qui correspondent aussi à un classement national. Le Toulouse-Auch est une ligne de desserte fine du territoire. Évidemment ça amène des situations tout à fait inquiétantes pour le réseau, mais l’information ou en tout cas le message le plus important pour nous, c’est qu’il y a besoin de l’ensemble du réseau actuel et qu’il faut trouver les moyens financiers ministériels pour assumer cela. C’est le ministère qui est le propriétaire du réseau. Ce ne sont pas les Régions, ni les collectivités.
Carole Delga propose des pistes pour lever cinq milliards de recettes. Néanmoins, la vétusté du réseau ne touche pas que l’Occitanie. Comment les répartir ?
J.-L.G. : Alors évidemment qu’il faudra regarder mais à l’échelle nationale, en 2017, SNCF Réseau, le gestionnaire du réseau, a fait, à la demande du ministère, un état des lieux de ce qu’il y avait comme travaux à faire et ce que ça coûtait sur l’ensemble du réseau. Ça s’élevait à peu près à 7 milliards d’euros. Il y en avait 1,6 pour l’Occitanie car nous concentrons le plus de LDFT. Il y avait 1,1 milliard pour la Région Nouvelle-Aquitaine et un milliard pour la Région Grand-Est. Ces trois Régions représentaient la moitié des besoins nationaux.
L’Occitanie est la Région la plus touchée ?
J.-L.G. : Avec la Région Aquitaine, nous sommes les deux régions qui ont le plus de parts de LDFT sur notre réseau, donc les plus touchées. La région Île-de-France, elle, a le nombre de kilomètres de LDFT le plus petit du pays, cherchez l’erreur.
Parmi ces leviers proposés, vous proposez de revisiter les concessions autoroutières, mais n’y a-t-il pas un risque que les concessionnaires augmentent leurs tarifs et qu’au final, ce soit les citoyens qui payent cette différence ?
J.-L.G. : Non, ce que l’on fait comme proposition, c’est que ce soit bien dans la négociation de la concession. C’est-à-dire qu’il faut que ce soit officiellement dans la concession où l’on décide que sur les 4 milliards de profits qui sont faits par les concessionnaires, il faut qu’il y ait une obligation de réorienter 2 milliards sur le ferroviaire.
Tout ceci sera évoqué lors de la conférence Ambition France Transport...
J.-L.G. : C’est évidemment le discours que nous portons, les Régions de France. La présidente m’a demandé d’en être membre, je la représente dans cette conférence. Mais c’est surtout la volonté d’accompagner tout ça d’un mouvement populaire avec cette pétition dont nous souhaitons qu’elle récolte le plus de signatures possibles.