Les congés menstruels très bien accueillis à Paul-Valéry
Dès la rentrée universitaire 2025, tous les élèves de l’université Paul-Valéry pourront bénéficier de « congés menstruels » sans avoir à présenter de justificatif. Un combat porté par le Syndicat de combat universitaire de Montpellier (Scum) depuis plus d’un an.

« C’est une excellente nouvelle », affirment en chœur Lucile et Élodie, deux étudiantes assises à l’entrée du campus Paul-Valéry, ce mercredi 10 juin. Les jeunes femmes sont en deuxième année de sciences sociales et viennent tout juste d’apprendre que, dès la rentrée prochaine, elles pourront bénéficier de congés menstruels sans avoir besoin de justificatif médical : il leur suffira de le signaler sur l’onglet dédié dans leur espace de travail en ligne (ENT), jusqu’à 3 jours après l’absence. « J’ai des amies qui souffrent énormément quand elles ont leurs règles et cela les empêche de faire beaucoup de choses au quotidien, affirme Élodie. Il faut absolument que je leur en parle. »
Le nombre de congés menstruels reste cependant limité, puisque cette autorisation d’absence est plafonnée à dix journées dans l’année et dans la limite de deux par mois. Un nombre encore insuffisant, selon Lucile : « Pour les personnes qui souffrent d’endométriose par exemple, les règles peuvent représenter un vrai handicap. Et même sans parler de cette maladie, il y a des personnes qui ont des douleurs ou un flux trop abondant pendant plusieurs jours à chaque cycle. »
Plus loin sur le campus, Chloé et Madelyne, deux étudiantes en master 2, sont assises dans l’herbe. Si elles se disent ravies de cette nouvelle mesure, elles s’inquiètent cependant du risque de discrimination qu’elle pourrait engendrer. « Malheureusement, les menstruations sont encore un sujet tabou dans notre société, observe Chloé. Il ne faudrait pas que les étudiants qui posent des congés menstruels subissent une stigmatisation de la part des autres élèves ou des professeurs. » À ses côtés, Madelyne acquiesce : « Moi par exemple, je pense que je n’oserais pas les prendre... Certaines personnes vont sûrement penser que le dispositif peut être utilisé pour sécher les cours. Mais même si ça arrive, je pense qu’il vaut mieux prendre le risque et permettre à la majorité des étudiantes de pouvoir vivre au mieux leurs menstruations. »
Camille et Florian, eux, sont en L2 et L3 de psychologie. Florian se réjouit que la mesure ne concerne pas uniquement les femmes, « pour éviter les discriminations contre les personnes transgenres ». Quant à Camille, si elle considère que ce dispositif est très bénéfique, elle aimerait que celui-ci s’accompagne davantage de possibilités pour rattraper les cours. « Il n’y a pas que les menstruations qui empêchent parfois d’être en présentiel, avance-t-elle. Je pense donc que l’on devrait pouvoir consulter tous les cours en ligne. Malheureusement, la fac ne fait pas confiance aux étudiants sur ce sujet. »
Portée par le Syndicat de combat universitaire de Montpellier (Scum), la mesure avait été, à l’origine, votée en janvier 2024 pour la rentrée de septembre 2024. « Cependant, pour que ce droit soit vraiment effectif et accessible à tous, il fallait créer un nouveau logiciel de gestion des absences commun à toutes les composantes de l’université. C’est ce qui a pris du temps et fait reculer la mise en place à l’année 2025 », raconte Fabien Bon, porte-parole du Scum. Concernant le nombre limité de jours, il confie : « Nous trouvons aussi que 10 jours par an c’est insuffisant. Mais nous avons dû négocier avec les enseignants. À l’issue de la première année d’effectivité de ce droit, le but est d’augmenter le nombre de congés. Sur le long terme, nous luttons d’ailleurs pour la fin de l’assiduité obligatoire à la faculté. Cette victoire est donc un début, c’est un peu la technique du pied dans la porte. » Selon lui, dès le 17 juin, les congés menstruels devraient aussi être votés à l’université de Montpellier. Avec une petite différence : contrairement à Paul-Valéry, ceux-ci ne pourront pas être utilisés pour les jours d’examens.