« Réquisitions oui, Démolitions stop ! »

Le collectif Réquisitions a occupé vendredi durant quelques heures les 62-64, rue de la République, propriété d’Action Logement depuis 2011 et laissés vacants depuis plusieurs années.

21/06/2025 | 08h33

Un rassemblement s’est tenu vendredi place Sadi Carnot à l’initiative du collectif Réquisition et d’Un centre-ville pour tous afin de dénoncer la vacance des logements qui sévit dans tout Marseille, en proie à la crise du logement avec un horizon de démolitions programmées d’immeubles collectifs.

Dénonçant l’inaction de l’État, des militants ont investi les 62-64, rue de la République, propriété d’Action Logement du groupe Unicil avec 48 logements laissés vacants. « En 2004, ces immeubles haussmanniens où vivaient des familles avaient été rachetés par le fonds texan Lone Star, avant d’être cédés à Lehman Brothers. Plombée par la crise des subprimes, la banque n’a rien fait, sinon revendre à Promologis en 2011, qui les a cédés à Action Logement. Vidés petit à petit de leurs habitants, ces immeubles sont totalement vides depuis 4 ans et se dégradent de façon spectaculaire », décrit Patrick Lacoste, d’Un centre-ville pour tous.

« Nous avons peur qu’il y ait de grosses expulsions sèches sans relogement à la faveur de l’été », alerte un militant, qui demande au maire de Marseille des réquisitions. Leur action a été annoncée en fin de conseil municipal par la conseillère (EELV) Nouriati Djambae, qui a réclamé une « stratégie de réquisitions ciblées » alors que « 57 000 logements sont vacants à Marseille, dont 20% depuis deux ans ».

« La réquisition, c’est extrêmement simple. L’ordonnance de 1945, la loi de 1998 et la loi Elan de 2018 la prévoient, mais l’État ne fait rien, accuse un militant. On a des familles abandonnées depuis des années dans des hôtels d’urgence insalubres qui coûtent très cher à l’État. »

« Aujourd’hui, les logements vacants, les logements d’immeubles mis en sécurité, les meublés touristiques, participent à la crise du logement et la réquisition, c’est un outil à utiliser, souligne Hélène Froment d’Un centre-ville pour tous, selon qui la vacance vient pointer un système totalement inepte », alors que l’Anru prévoit près de 5 000 démolitions de logements sociaux à Marseille, dont la tour B11-B12 de Félix-Pyat (168 familles dont 80% sont à Marseille Habitat) et les deux tours de Bel Horizon (133 logements). « Accepter des financements Anru pour démolir sans reconstitution de l’offre, cela indique que les 450 ménages de ces deux ensembles vont être déportés loin du centre-ville, vers Euromed 2, voire encore plus loin au Nord ? Il y a urgence que L’État, la Métropole et la mairie répondent à ces questions. »

Délogés par la force des immeubles, plusieurs militants ont été embarqués. Le collectif appelait à un rassemblement en leur soutien devant le commissariat de Noailles.

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